Nouvelles de Jacmel

Nouvelles de Jacmel
Jacmel (Haiti). « Je suis à peine revenue de Jacmel en Haïti où nous avons une communauté de 7 sœurs dont trois de vœux temporaires. Comme il n'était pas possible d'y arriver par voie de terre parce que cette ville est isolée, toutes les routes ayant été coupées par le tremblement de terre, j'ai réussi à les rejoindre par mer ». C'est Sr. Elisabeth Corsini, directrice de la communauté de Barahona, de la République Dominicaine, qui nous l'écrit. L'urgence de se rendre à Jacmel s'est manifestée après la seconde secousse de 6,5 degré qui a eu comme épicentre justement cette ville. Ceci a augmenté notre préoccupation et vu l'impossibilité de communiquer par téléphone, les FMA de la Province Antillaise ont pensé qu'il était mieux d'y aller.
« Mercredi 20 janvier – raconte sr. Elisabeth - Je suis allée à Pedernales la ville la plus près du Port Cabo Rojo, d'où partent les navires de la Marine de Guerre Dominicaine vers le Port de Jacmel.
A Pedernales je fus accueillie par les sœurs Mercédaires de la Charité, avec lesquelles nous avons de bonnes relations car nous appartenons au même diocèse. Je suis arrivée là mercredi après midi après avoir pris les premiers contacts dans l'espoir de partir jeudi matin, jour où l'on fête la Vierge de Altagracia, pour laquelle le peuple haïtien a une grande dévotion. Ensemble avec un groupe de médecins nord américains, des volontaires de diverses ONG qui opèrent dans le territoire et à l'équipage du bateau, j'ai réussi à partir le 21 à 11h 30 du matin, heure dominicaine. Nous sommes arrivés à 4h, heure d'Haïti au Port Jacmel.
L'administrateur apostolique de Jacmel Mgr. Jean Théodule Domond, est venu me prendre au Port ; il habite près de nos sœurs et il avait été contacté par notre Père curé au sujet de mon arrivée.
Les sœurs n'attendaient pas ma visite, aussi vous pouvez imaginer la surprise qu'elles ont eue quand elles m'ont vue arriver avec leur Evêque ! Outre les salutations de toutes, j'ai porté la lettre de Mère Yvonne du 16 janvier et quelques photocopies des messages et des articles qui ont été publié sur le web.
Les FMA vont toutes bien. Heureusement les structures des maisons des sœurs comme celle de l'école n'ont pas souffert malgré les secousses continuelles. La nuit où j'ai dormi là, il y a eut une forte secousse qui nous a réveillées et nous a toutes beaucoup effrayées.
Même si la maison semble en bonnes conditions les sœurs dorment dehors sous les tentes pour des raisons de sécurité. J'ai fait l'expérience de dormir avec elles et d'expérimenter l'angoisse de ce mouvement fort et de la rumeur terrifiante que produit le tremblement.
Avec elles dans la cour dort un groupe de médecins des Etats-Unis qui travaillent durant le jour dans les hôpitaux comme volontaires et le soir reviennent dans la cour des sœurs pour se reposer. D'autres familles aussi viennent avec elles dans la cour pour la nuit.
Elles ont de l'eau pour les usages externes mais l'eau potable arrive de Saint Domingue. Depuis le 21 janvier elles ont aussi l'électricité mais les heures de service sont très restreintes. En ville on trouve encore des combustibles.
Il n'y a pas autant de risque de contamination qu'à Port au Prince, ni de mauvaises odeurs dans la ville. Même s'il y a beaucoup d'édifices détruits, il y en a encore qui sont restés debout mais qu'on n'utilise pas pour des raisons de sécurité. Il n'y a pas de cadavres dans les rues, mais on déblaie encore pour les retrouver surtout sous l'Université qui s'est écroulée à Jacmel et où sont morts beaucoup d'étudiants qui travaillaient de jour et étudiaient le soir très tard. Il y a des campements en ville pour les personnes qui ont perdu complètement leurs maisons. La plupart dorment dans les rues.
J'ai porté certaines choses que je pensais nécessaires mais en venant sur place j'ai pu mieux voir ce dont elles ont besoin exactement comme par exemple certains remèdes spéciaux.
J'ai pu aussi visiter des sœurs d'autres congrégations, sur demande de leurs consœurs qui sont voisines de nos sœurs. Elles ont été très contentes de me voir et m'ont fait connaître leurs besoins afin que je puisse les transmettre à leurs sœurs ».
Sr. Elisabeth est restée trois jours hors de la maison et a passé plusieurs heures en bateau. En terminant son récit elle nous fait part de ses réflexions personnelles après cette expérience.
« Nos sœurs sont très reconnaissantes à Mère Yvonne et à toutes les sœurs du monde. Quand elles ont lu la lettre de Mère Yvonne en français, elles ont été émues, elles étaient contentes et je me suis dit que ça valait la peine d'entreprendre ce voyage. Elles ne pouvaient pas croire que j'étais arrivée par bateau et elles ont compris qu'avec moi, là, à leurs côtés il y avait toutes les FMA du monde. Leur joie fut vraiment très grande ».