TALITHA KUM: Conférence asiatique sur la traite des êtres humains.

TALITHA KUM: Conférence asiatique sur la traite des êtres humains.
Hua Hin (Thaïlande). "Talitha Kum", le Réseau International de la Vie Consacrée contre la Traite des êtres humains, a organisé la première Conférence asiatique sur la traite qui s’est déroulée du 10 au 14 novembre, dans la « Maison de retraite Salésienne », à Hua Hin en Thaïlande.
« Talitha Kum » est le Réseau International de la Vie Consacrée contre la Traite des Personnes ; ce réseau est né au sein de l’UISG (Union International des Supérieures Générales) à Rome, dans le cadre d’un projet géré en collaboration avec l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) et est financé par le Gouvernement des Etats-Unis, l’Office pour la Population, les Réfugiés et les Migrations. Il a comme objectif de partager et d’optimiser les ressources que la Vie Religieuse possède en faveur des interventions de prévention, de sensibilisation et de dénonciation de la traite des personnes et la protection et l’assistance des victimes et des personnes vulnérables.
Le mot « traite » rappelle l’histoire des esclaves, le transfert par bateau d’un continent à un autre et son abolition dans les premières années de 1880. Mais en réalité de nombreuses formes d’esclavage existent toujours aujourd’hui. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont vendus comme objets, contraints de travailler pour rien ou pour un salaire de misère et sont à la merci totale des « donneurs de travail ». Les femmes sont emmenées pour la prostitution, les enfants sont vendus et achetés d’un pays à l’autre et les hommes sont contraints de travailler sans droits dans de grandes propriétés foncières agricoles.
C’est une sorte d’esclavage de notre époque qui menace la liberté de millions d’individus. Il suffit de penser que la traite des êtres humains est une des activités les plus rémunératrices des organisations criminelles après celle de la drogue. En effet les données des Nations Unis sur le Trafique International des personnes confirment cette triste priorité. On estime de 800 mille à 2 millions de personnes qui sont vendues chaque année, soit aujourd’hui 27 millions qui vivent dans cet état d’esclavage moderne. La plus grande partie de ces personnes sont vendues pour être exploitées sexuellement (58%), les autres sont mises aux travaux forcés (36%) et les autres encore sont dans les mains d’organisations criminelles pour le trafique d’organes. Neuf fois sur dix les victimes sont des femmes et des enfants et de ceux-là un cas sur trois provient de l’Asie orientale du sud. (Pour les statistiques voir UNODC Global TIP Report 2012)
A cette conférence ont participé 45 représentants du Réseau de Talitha Kum de l’Asie du Pacifique, engagés dans le travail de lutte contre la traite dans leur région respective où l’on enregistre le plus grand flux du trafique du monde entier : APWRATH (Asia-Pacific Women Religious Against Trafficking in Humans): Indonésie, Hong Kong, Cambodge, Corée, Taiwan, Thaïlande, Philippine, ACRATH (Australian Catholic Religious Against Trafficking in Humans), et AMRAT (Asian Movement of Religious Against Trafficking in Persons): Inde, Népal, Pakistan, Sri Lanka. Il y avait aussi cinq collaborateurs laïcs : 1 de Hong Kong, 1 de la Thaïlande et 3 des Philippines.
L’objectif de la rencontre était de vérifier l’application des lois et des politiques dans les actes, d’identifier les problèmes et les lacunes, d’étudier les stratégies de défense, de définir la ligne d’action avenir pour le groupe avec un calendrier précis.
Sr. Estella Castalone FMA, coordinatrice internationale de Talitha Kum, dans son message d’ouverture a voulu réfléchir avec le groupe sur le passage de l’Evangile de Marc (5,41) : Talitha Kum ! Enfant, je te l’ordonne lève toi ! « Regardons l’exemple de Jésus et rappelons notre mission délicate. C’est l’engagement du Réseau Talitha Kum : apporter soutien, protection et assistance à toutes les victimes de la traite des êtres humains ».
Elle rappela combien le Saint Père lui-même soutient cette mission ; en effet dans son premier message Urbi et Orbi, le dimanche de Pâque, le Pape a dit : « Paix au monde entier tellement divisé par l’avidité de ceux qui cherchent un gain facile, blessé par l’égoïsme qui menace la vie humaine et la famille, l’égoïsme qui poursuit la traite des personnes, l’esclavage le plus répandu dans ce 21e siècle ; la traite des personne est vraiment l’esclavage le plus répandu dans ce 21e siècle ! »
Sr. Estrella a ensuite focalisé le thème de la traite qui touche la vie de tant de personne : hommes, femmes et enfants, mais surtout les femmes et les enfants dans le but d’exploitation sexuelle, d’esclavage domestique, de travail forcé et de vente d’organes. Tout cela est vraiment inquiétant et surtout pour les responsables de pastorale c’est un appel très fort d’engagement pour arrêter cet esclavage.
L’avocate Cristina Sevilla, la jeune Jean Enriquez et la dame Amihan Abueva ont aidé la réflexion par le dialogue et la confrontation, les travaux de groupes et également dans l’élaboration de la Policy Advocacy Agenda sur la lutte contre la traite des personnes. On a défini les objectifs et les stratégies fondamentales, la ligne politique et la législation en matière de protection, de prévention, de sauvetage et de réinsertion avec l’approbation finale de la part de tous les membres de l’Assemblée.
Les objectifs jusqu’en 2015 sont :
- Renforcer le réseau en intensifiant la coordination, la communication, le partage des informations et des ressources.
- Faire prendre conscience, sensibiliser et motiver le travail des personnes consacrées, en particulier les Supérieurs des Congrégations, les Conférences Episcopales, les chefs de l’Eglise, des diocèses et des communautés paroissiales locales, et également les membres de la société civile, contre la traite des personnes et de toute forme d’esclavage.
- Garantir la protection des victimes, encourager et donner espérance et amour ; prendre soin et offrir l’assistance dans les lieux de refuge pour s’y sentir en sécurité; travailler en étroite collaboration avec les différentes professions, organisations, familles, communautés et agences d’Etat pour sauver et réinsérer les survivants.
http://www.talithakum.info/